( AFP / PATRICIA DE MELO MOREIRA )
Air France-KLM, qui souhaite renforcer ses liaisons vers l'Amérique du Sud, a officialisé mercredi son intérêt pour la privatisation de la compagnie TAP Air Portugal, convoitée par d'autres groupes aériens européens.
"Air France-KLM a présenté aujourd'hui l'expression de son intérêt à participer au processus de privatisation de TAP" auprès de Parpublica, l'agence portugaise de gestion des participations de l'Etat, a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'entreprise franco-néerlandaise.
Cette démarche "démontre le fort intérêt d'Air France-KLM pour ce processus. Nous attendons avec impatience les prochaines étapes", a-t-il ajouté.
Le groupe, qui rassemble Air France, KLM, Transavia et qui est en train d'intégrer la compagnie scandinave SAS, souhaite participer à la consolidation du secteur aérien européen, comme ses concurrents Lufthansa et IAG (British Airways, Iberia, Aer Lingus...) qui ont eux aussi manifesté leur intérêt pour TAP.
Lufthansa, qui inclut les compagnies Swiss, Eurowings, Brussels Airlines et Austrian Airlines, a récemment pris le contrôle de l'italienne ITA Airways, née sur les cendres d'Alitalia.
Et l'ambitieuse Turkish Airlines a annoncé l'été dernier une prise de participation de 26% dans l'espagnole Air Europa, elle aussi auparavant disputée par les trois grands groupes aériens d'Europe occidentale.
Le gouvernement portugais souhaite conclure en 2026 la privatisation de jusqu'à 49,9% du capital de TAP, qui avait été renationalisée dans l'urgence en 2020 pour faire face aux conséquences de l'épidémie de Covid-19.
Le transporteur avait alors bénéficié d'une injection de 3,2 milliards d'euros de fonds publics en échange d'un plan de restructuration.
Le processus de privatisation de TAP se déroule en plusieurs étapes sur une période d'environ huit mois: une offre de pré-qualification suivie d'une période d'offres et d'une phase éventuelle de négociation puis, enfin, la décision finale du conseil des ministres.
Le directeur général d'Air France-KLM, Benjamin Smith, a exprimé de longue date l'intérêt de son groupe pour TAP, première compagnie européenne pour les liaisons vers le dynamique marché brésilien.
"Nous sommes numéro deux (depuis l'Europe) vers le Brésil. Nous souhaitons maintenir et développer notre position. TAP, si nous parvenons à l'intégrer dans le groupe, la renforcerait", avait-il notamment déclaré en mars dernier.
- Retour dans le vert -
Actionnaire depuis 2024 de SAS, Air France-KLM avait dit en juillet vouloir monter au capital de la compagnie scandinave à hauteur de 60,5%, l'idée étant de créer une troisième plateforme de correspondances à Copenhague, après Paris-Charles-de-Gaulle et Amsterdam-Schiphol.
Très sévèrement touché par les conséquences de la crise sanitaire qui lui a fait perdre plus de 10 milliards d'euros cumulés, le groupe Air France-KLM a été recapitalisé deux fois avec l'aide des Etats français et néerlandais. Il a retrouvé le chemin des bénéfices dès 2022.
Lors des neuf premiers mois de 2025, il a engrangé un bénéfice net plus que doublé sur un an, à 1,17 milliard d'euros, sur un chiffre d'affaires en progression de 5% à 24,8 milliards, malgré un été moins bon que prévu.
De son côté, la compagnie TAP a annoncé mercredi qu'elle avait dégagé au troisième trimestre un bénéfice net de 125,9 millions d'euros, en hausse de 14,4% sur un an, ce qui lui permet de compenser ses pertes du premier semestre et d'évoluer dans le vert sur neuf mois (55,2 millions).
La justice portugaise a par ailleurs mené mardi une série de perquisitions dans le cadre d'une enquête, pour faits de corruption et fraude fiscale notamment, portant sur la précédente privatisation de TAP, en 2015, et le financement d'un achat d'appareils Airbus .
L'investigation ouverte en décembre 2022 vise à clarifier les conditions dans lesquelles 61% du capital de TAP avait été vendu en 2015 par l'Etat portugais au consortium Atlantic Gateway, dirigé par l'homme d'affaires américain David Neeleman et son associé portugais Humberto Pedrosa, patron du groupe de transports Barraqueiro.
Deux sociétés et deux personnes ont été mises en examen, a indiqué le ministère public. D'après les médias locaux, les suspects mis en cause seraient M. Pedrosa et son fils David.
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